La transmission des savoirs et des connaissances
L'un des enjeux fondamentaux lorsqu'on produit des savoirs et des connaissances consiste à assurer leur transmission. Il existe des exemples célèbres où, par décision, des communautés politiques (de la tribu à l'Empire) ont décidé de stopper l'usage de certaines techniques pour des raisons très variées (la fabrication de grands bâteaux par la Chine, de fusils par les japonais etc). Récemment, dans l'usine de Gandrange, en France, on s'est aperçu qu'une des raisons essentielles de la fermeture de cette entreprise était que la direction avait très mal anticipé les conséquences radicales du départ en retraite de très nombreux ouvriers, dont les connaissances étaient parfois si rares qu'aucune embauche future n'aurait pu les remplacer. La question de la transmission des savoirs et des connaissances est aussi un enjeu essentiel dans la transmission des histoires qu'un peuple (ou qu'une famille) se raconte à lui-même. La fonction de la transmission est aussi vieille que l'humanité. Mais selon les formes qu'elle prend elle change la nature du rapport au savoir. L'apparition du livre a, par exemple, favorisé la démocratisation fulgurante des savoirs, jusque-là chasse-gardée de certaines catégories de la population (roi, prêtre...). Aujourd'hui, la transmission s'effectue de plus en plus par les voies électroniques. Le support livre, s'il ne disparaîtra pas, prend une autre place. Mais l'électronique pose deux soucis: 1) les supports vieillissent eux aussi; 2) comment passerons-nous d'un format numérique aux suivants?; 3) est-ce que le fait de capter des informations binaires, d'archiver des informations sous un code binaire, change notre relation au savoir? A notre construction personnelle?
Les différentes formes de savoirs
La science moderne est d'une telle puissance, elle mobilise tellement de moyens qu'elle a fini, peu à peu, par ambitionner de devenir la seule forme de savoir légitime. Elle dit le Vrai avec un grand V. Elle laisse peu de places à d'autres formes de savoirs, tout aussi utiles. Pourtant, il existe des multitudes de différentes formes de savoirs et de connaissances. Des savoirs ancestraux, fruits de milliers d'années d'apprentissage et d'observation (dans l'agriculture par exemple, mais aussi dans les métiers de l'artisanat, l'art de la cuisine, les métiers de l'art etc). D'autres citoyens concourent à notre compréhension du monde. De très nombreux habitants observent le ciel, et donnent des informations précieuses aux astronomes professionnels. Des ONG gardent des "semences paysannes" qui intéresse peu l'économie marchande. Pourtant elle constitue une source précieuse de conservation de la biodiversité. Toujours dans l'étude de la biodiversité, en France, le seul catalogue national tenu à jour l'est par des amateurs. Question à poser: donner des exemples d'autres formes de savoirs; sont-ils complémentaires, concurrents des savoirs scientifiques? Et inversement?
Sur la fonction critique de la science
Une connaissance scientifique, pour être validée, doit l'être par la communauté des pairs (ceux qui travaillent dans le même domaine). Elle doit être produite dans des conditions reproductibles dans les mêmes conditions. Pour ce qui concerne des connaissances non expérimentales (des théories par exemple), on considère qu'elle est valide tant qu'aucun contre-exemple d'observation ne vient l'invalider. Le processus même de la production de savoirs scientifiques repose donc sur une nécessité de critiquer les savoirs et les connaissances produites par d'autres. En revanche, dans des domaines où plusieurs disciplines sont convoquées (comme le changement climatique par exemple) la validation de connaissances est plus délicate. Si elle nécessite de mettre autour de la table des scientifiques de disciplines différentes, elle nécessite aussi des compétences des scientifiques dans plusieurs domaines. Question à poser: quelle est la formation des scientifiques à la critique? Une formation à des sujets très pointus n'est-elle pas aujourd'hui une limite à l'augmentation de notre compréhension de phénomènes dans divers domaines? Qui juge de la qualité d'une publication? Sur quels critères? Sont-ils tous rationnels et raisonnés?
L'économie de la connaissance
A l'origine de l'émergence du concept de "société de la connaissance", il y a d'abord des enjeux géopolitiques et économiques. La question est: quel doit être le positionnement de l'économie européenne dans le contexte d'une économie globalisée? La réponse fut: elle doit miser sur les métiers à haute plus-value intellectuelle, c'est-à-dire les métiers qui nécessitent des formations de haut niveau. Elle doit donc miser sur les enjeux d'innovation. L'idée est donc de placer les savoirs et la connaissance au coeur du processus de production. Cette idée est liée à une transformation des notions de savoir et de connaissances qu'il s'agit de "breveter". Cette idée donne de la "valeur" aux savoirs. Elle a des implications dans la circulation des savoirs et des connaissances. Une connaissance qui appartient à quelqu'un (ou à une organisation, comme une entreprise) ne circule plus de la même façon. Ceci pose des questions redoutables à la communauté scientifique puisqu'une partie de ses habitudes réside dans la libre circulation des savoirs et connaissances produites, afin de la valider, les critiquer, les remettre en question, les améliorer etc... Enfin, ceci pose des questions Les mots à définir: connaissance, innovation, brevet, valeur. Les questions que l'on peut poser: à qui appartient une connaissance? Qui en profite? Pour quels usages? On pourra étudier des cas d'école.
mardi 29 juillet 2008
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